Flûte, piano, guitare, bass, drums / flute and piano
solos
Jean-Luc
Barbier, flute and alto saxophone
Daniel
Goyone, piano
Michel Perez,
guitare
Michel
Benita, bass
Daniel
Humair, drums
All tunescomposed by François Mozer
Prise
de son les 3, 4 et 10 octobre 1984, et mixage par
Hervé
Martin (studio Sextan - Paris)
Production:
Hélène Mozer et Jean-Luc Barbier
BRIDGE
RECORDS - 1002
Copyright (c) Jean-Luc Barbier. Tous droits
réservés
Les
compositions de François Mozer
François
Mozer
Talisman,
Cosmos. Circuits trois moments parmi d'autres, arrachés au garrot de l'oubli,
repris au temps. Trois moments que je choisis comme si je les avais vus naître,
ou peut-être parce que, plus que d'autres, ils ressemblent à François. Dans leur
manière d'égrener la durée, de suspendre la phrase dans l'improbable, de revenir
au même qui n'est plus le même. Comme si le piano comptait ses pas dans une
errance cryptée.
La beauté de
la musique est de contenir un secret, de cacher un secret: quel était celui qui
poussait François, de ces rumeurs obstinées des basses à ces égouttements
raffinés, distillés du médium à l'aigu ? En fait, plus que son visage grave, ses
cheveux coulant sur ses joues, son regard tourné vers lui-même, vers des beautés
peut-être indicibles qui retenaient ses mots, ce sont ces accords, ces
croisements de rythme, ces détours mélodiques, ces subtiles courbes tonales et
leurs écartèlements mélancoliques qui sont le vrai portrait de François. L'image
oublie les yeux, le temps brouille les traces — demeure ce qui a été créé,
message sans passé ni futur, présent palpable à l'oreille, toujours.
Un autre
corps, virtuel: Mozart n'a pas même pas de lieu pour les rituels de la mémoire;
sa musique pourtant est vivante. François a su inventer dans le piano des
espaces qui sont des cheminements délicats, des agrégats poétiques où le rythme
trame des accords qui, le plus souvent dans la couleur inquiète du ton mineur,
nous reportent à nos propres secrets — qu'il éveille au coude d'un arpège, d'un
déhanchement syncopé, d'une lente descente chromatique.
D'un silence
aussi, avec lequel il composait comme les poètes écrivent avec les «blancs».
D'une pièce à l'autre, dans le même mouvement secret, François les yeux fermés
comme quand il jouait, concentré. Impérissable
Alain
Duault
François est entré en 1971 dans la classe d'improvisation que je
dirigeais alors au Conservatoire Populaire. Il était comme une éponge, absorbant
avidement les connaissances que je lui transmettais, affamé de musique qu'il
interprétait avec une rare sensibilité et transformait au gré de ses phantasmes,
sans cesse en quête d'un rêve qu'il poursuivait.
Sous l'écorce
tendre de sa sensibilité, il avait une fragilité encore plus vulnérable,
celle-là même qui fait basculer dans le vide les enfants auxquels on avait
recommandé de ne pas trop se pencher.
Dans sa
recherche frénétique de l'absolu, François a perdu l'équilibre et basculé dans
le vide, laissant derrière lui la naissance d'une œuvre prometteuse,
précieusement recueillie par une mère courageuse qui, de cette fin tragique,
fait renaître l'espoir.
Oswald
Russell
Talisman,
Cosmos, Circuits, three moments among others, snatched from the stranglehold of
oblivion, reclaimed from Time. Three moments I have chosen as if I had seen
their birth, or perhaps because, more than others, they are like François. In
their way of telling off duration, of suspending a phrase in the improbable, of
returning to the saine thing which is no longer the same. As if the piano was
counting steps in a cryptic meander.
The beauty of
music is to contain a secret, to hide a secret: which one propelled François
from these obstinate murmurs of the base to these fine plashings, distilled from
the medium to the treble ? In fact, more than his grave face, his hair flowing
on his cheeks, his look turned on himself, towards perhaps inexpressible beauty
which stemmed his words, it is these chords, these cross-rhythms, these
melodious diversions, these subtle tonal curves and their racked melancholy
which are the true portrait of François.
The image
forgets the eyes, time blurs the traces - what was created remains, a message
with no past and no future, palpably present to the car, always. Another body,
virtual: Mozart has not even a place for the rites of memory; his music,
however, is alive.
François knew
how to invent, in his piano, spaces which are delicate progresses, a poetical
whole where rhythm weaves chords, which, the most often in the unquiet shades of
the minor, lead us to our own secrets, — which he evokes in the bend of an
arpeggio, of a syncopated dislocation, of a slow chromatic descent. Of a silence
too, with which he composed like poets write with their white spaces. From one
piece to another, in the saine secret movement, François, his eyes shut as when
he played, concentrated. Imperishable.
Alain
Duault
François
joined, in 1971, the improvisation. class which I was then running at the
Popular Conservatory (Geneva). He was like a sponge, avidly absorbing the
knowledge I passed on to him, starving for music which he interpretated with
uncommon sensitiveness and transmuted according to his phantasy, ceaselessly
seeking a dream he pursued.
Beneath the
tender bark of his sensibility, his fragility was even more vulnerable. such
fragility as pitches children into the void though one has warned them not to
lean over too far.
In his frantic
search for the absolute, François lost his balance and pitched into the void.
leaving behind him a promising budding corpus, devoutly collected by a
courageous mother. who, out of this tragic end, brings forth
hope.