Le management par le jazz
 
 
Organiser la Créativité. L'Esprit du Jazz
John Kao, Editions Village mondial, 192 pages.

En s'inspirant du phénomène de l'improvisation musicale, John Kao passe en revue les mécanismes qui mènent a la créativite et a sa gestion. Quel est le rapport entre le management de la créativité et la conduite d'un orchestre de jazz ? A priori, aucun. Et pourtant. Tous deux sont a la fois un art et une discipline. Un savant mélange de talent et de travail. Quoi de plus naturel dès lors pour ce professeur de créativité - il a enseigné pendant quatorze ans à la Harvard Business School - mais également pianiste de jazz, que de dresser un parallèle entre les mécanismes qui mènent a l'innovation et ceux qui régissent une jam-session (une improvisation).

Chaque fois qu'une conversation est remarquable, pour moi, c'est une jam-session. La danse aussi tient de la jam. Et il en va de même du chemin que suit une équipe inspirée de développement de produits pour parvenir a une nouveauté qui force l'attention du client.

Quand une entreprise réussit l'exploit de conjuguer la rigueur analytique et la passion, quand elle laisse tomber ses partitions afin de s'ouvrir a de nouveaux horizons, elle fait, elle aussi, une jam. Mais la créativité, tout comme la jam-session, n'est pas pure improvisa- tion, faute de sombrer dans la cacophonie. Elle est au contraire sous-tendue par une organisation rigoureuse. Tout comme une jam- session, elle n'est pas le fruit du hasard. Elle résulte d'un processus savamment orchestré. D'un fragile équilibre entre imagination debridée et respect de certaines contraintes.

Le monde entier est un club de jazz

La créativité, à l'instar de l'improvisation musicale, est la somme d'une multitude d'individualités. Loin d'être le coup de génie d'une seule personne, elle est le fait d'une équipe, une création collective. Tout comme une jam-session, la créativite comporte un risque. Elle est un défi permanent. Un défi que se doivent de relever l'ensemble des collaborateurs d'une entreprise, mais également - et peut- être avant tout - ses dirigeants. C'est à eux en effet qu'il incombe de stimuler la créativité, de l'encourager, de la soutenir et de l'entretenir en permanence. En clair, d'instaurer un environnement propice - dans les bureaux, mais surtout dans les esprits - à l'émergence d'une véritable culture de la créativite. Or gérer la créativité est un art encore plus difficile. Un art toutefois indispen- sable. Car, rien ne sert d'accumuler de la matière grise, si l'on ne parvient pas a mettre en place des processus spécifiquement conçus pour les traduire en produits et services de valeur, avertit John Kao.

A une époque ou le seul avantage concurrentiel durable d'une entreprise réside dans sa créativité, ne survivront que celles qui auront compris que le monde entier est un club de jazz. Et qu'il doit donc être géré comme tel.

Claire Kaplun

 

Source. Bilan, 1 mars 1999

haut de page